
La Musique Traditionnelle
L'APRÈS - GUERRE
Les incidences de la guerre 1939 /1945 sont visibles sur l’activité musicale,
les années de guerre furent des années où l’activité musicale retomba
fortement. Pour préserver la biguine et les danses locales, Alexandre
NESTORET crée le Ballet folklorique Martiniquais, avec notamment
l’arrivée d’un auteur-compositeur talentueux au répertoire actif jusqu’à
aujourd’hui : Loulou BOISLAVILLE. Avec lui, de nombreux musiciens
évoluent : Lionel LANCRY, Sully LONDAS, Paul JULVÉCOURT, Maurice
CHARLERY, Guy MÉTHALIE.
Le premier concours de la chanson créole fut organisé en 1951 et le
premier prix de la biguine fut attribué à Loulou BOISLAVILLE pour le titre
« L’homme sans tête ». C’est l'époque des grands orchestres martiniquais
comme Blue Star, Blue Moon, Swinkings harmonie, King Caribana, ainsi que
le célèbre orchestre Stardust de Fernand DONATIEN.
LE BOULADJEL
Le bouladjel est une expression musicale traditionnelle unique la Guadeloupe qui fait partie du système gwoka. Il consiste en une superposition polyrythmique de vocalisations percussives (bruits de gorge sur onomatopées et halètements) et de battements de mains réalisée par des hommes pour accompagner certains chants traditionnels,notamment ceux des veillées mortuaires de Guadeloupe continentale.
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La pratique du bouladjel était autrefois reléguée au milieu des
travailleurs agricoles descendants des Africains esclavagés en Guadeloupe 'continentale' (Grande-Terre et Basse-Terre). Elle a toujours été transmise par osmose au sein des familles, entre proches voisins et/ou membres de communautés très soudées. Aujourd'hui le bouladjel continue à être pratiqué et transmis par des personnes issues de ces familles et communautés. Elles appartiennent majoritairement aux classes moyennes et populaires de la société guadeloupéenne et habitent indifféremment la ville ou la campagne.

Le jeu polyrythmique de vocalisations percussives caractéristique du bouladjel a séduit une poignée de jazzmen et de musiciens qui pratiquent les musiques actuelles en France et aux Etats-Unis notamment. Ainsi, David Murray, Rachelle Ferrell ou encore Gino Sitson ont enregistré des compositions nouvelles où le bouladjel sert d'accompagnement polyrythmique, suite aux échangesqu'ils ont eus avec des musiciens Guadeloupéens. En France, nous écouterons tout à l'heure Ceïba qui s'en est inspiré.

LE BÈLÈ
En Martinique, l’art du bèlè relie les descendants des Africains à la culture ancestrale que les colons esclavagistes rêvaient d’éradiquer. Celle-ci est pourtant bien vivante à travers le tibwa qui lance la danse, le rythme des tambours juba ou bèlè, les phrases du tambour soliste coupe, les chants à répons, les paroles évoquant les événements du quotidien ou les codes de la danse. Celle-ci a des allures délicates et policées lui venant du quadrille et du menuet. Pourtant, chauffée par les tambours,
aiguillonnée par le tibwa, elle peut devenir extrêmement échevelée.
Le bèlè (appelé aussi » bel air » suivant la francisation du mot créole) est un genre musical dans lequel un chanteur mène la musique avec le chant, alors que se développe le dialogue entre les
danseurs et le tambouyé (joueur de tambour). Il se structure toujours de la façon suivante : le chanteur (ou la chanteuse) donne la voix, suivi des répondè (répondeurs) ; le ti-bwa donne le rythme, et enfin le tambour fait son entrée, suivi des danseurs et danseuses.
“Le bèlè se compose de différents rythmes, à 2 temps, à 3 temps ou à 4 temps. Le ‘bèlè rapid’, le ‘bèlè douce’ et le ‘bèlè pityé’ sont joués sur des rythmes à 2 ou 4 temps. Le ‘gran’ bèlè’, le ‘belya’ et le ‘marim bèlè’ sont des danses à 3 temps. Dans le bèlè, on danse courbé, les genoux fléchis, à la différence par exemple du ‘danmié’, qui est une danse de combat. Les principales danses du noyau bèlè se dansent selon une structure carrée, comme le quadrille ou le gran bèlè.
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Les répondè doivent toujours donner la bonne phrase, les bonnes intonations, et garder le rythme sous peine de déconcentrer le chanteur, et d’entraîner un déséquilibre dans la musique.
Le ti-bwa est confectionné à partir de deux baguettes, branchettes d’arbres ligneux et durs (goyaviers, tibom, caféier) que l’on taille et fait sécher au soleil. Il est joué par un ti-bwatè (joueur de ti-bwa) sur la partie arrière du tambour bèlè et marque le rythme au son de » tak-pi-tak-pi-tak
La grâce, les échanges dans la danse, les rencontres rythmiques suffisent à intéresser un spectateur qui découvre le quadrille. Les danses bèlè à 2 et 4 temps se décomposent en ‘bèlè kourant’’, ‘bèlè rapid’, ‘bèlè pityé’ et ‘bèlè douce’. Quant à celles à trois temps, ce sont le ‘gran bèlè’, le ‘beliya’ et le ‘marim’ bèlè’”.
Les chants, outre leur fonction de rythmer le travail, permettaient de raconter l’histoire de l’île, de la communauté, du voisinage, de relater avec ironie les différends entre colons, les déboires d’un camarade ou d’un contremaître…
* Aujourd’hui, trois foyers de bèlè peuvent être retrouvés en Martinique : au nord caraïbe (Basse-Pointe et ses environs), Sainte-Marie, et sud (Anses d’Arlets, Diamant). La Maison du bèlè présente une exposition des Anciens du bèlè de Sainte-Marie, et son travail actuel consiste à se rapprocher d’anciens des autres communes pour les sortir de l’ombre et les mettre aussi à l’honneur.
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Musique Populaire
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La musique est indissociable de la culture antillaise et la danse est intimement mêlée aux traditions antillaises. Elles rythment le quotidien dans ses moments de joie ou de douleur. L’entre-deux-guerres popularise en métropole la biguine, très influencée par les orchestres de jazz New Orleans. C’est une danse langoureuse aux rythmes toniques à la mode dans les bals à cette époque. Elle s’inspire conjointement de la polka, de la mazurka et de la valse créole. La clarinette est l’instrument majeur de cette musique. Elle est toujours autant appréciée et jouée.
LA FÊTE POPULAIRE
Le zouk se définit au départ comme une fête populaire de campagne. Le zouk a pour origine des musiques folkloriques antillaises comme le gwoka guadeloupéen et le chouval bwa
martiniquais, mais a aussi une origine pan-caribéenne, la calypso. Le zouk est le courant musical le plus populaire et le plus représentatif de la musique antillaise contemporaine. Il a façonné l’identité culturelle de la Guadeloupe et de la Martinique dans le monde entier. La musique antillaise comporte des genres musicaux qui puisent dans leurs origines ethniques, dont l’Afrique constitue une composante essentielle. Des origines variées, issues de son métissage culturel et du brassage des populations qui ont peuplé les Caraïbes. Notamment le mariage original des rythmes venus des esclaves africains et de la musique populaire des colons européens.


LA BIGUINE
Saint Pierre, on le sait, fut un véritable lieu précurseur en matière de fêtes, de spectacles, de théâtres et plus largement de vie culturelle et artistique. Pour beaucoup d’historiens, cette ville fut le véritable berceau de la biguine. Les fêtes, les bals publics furent des lieux privilégiés d’échanges et de musique ou se côtoyaient les airs, les rythmes et les répertoires.
Les musiques des esclaves se regroupent sous l’appellation de kalenda et, malgré les efforts de la classe dominante, un certain nombre d’esclaves passent outre les interdictions et continuent à célébrer leurs rites, chants et danses ancestraux. Imprégnés toutefois de cette ambiance culturelle
française, ils joues différents instruments et sont également influencés par es airs venant d’Occident mais aussi par ceux amenés par les corsaires, les Américains qui apportent des mélodies nouvelles. L’occupation de l’île de la Martinique par les Anglais transforme les œuvres musicales du répertoire « menuet Congo » en « béguin » des Anglais. Ceux-ci prononcent « biguine ». C’est dans ce contexte du mélange des genres que naît la biguine. Il ne faut pas passer sous silence le rôle du bêlè à dans les salles des fêtes : celui-ci en effet occupe une place privilégiée dans les îles. Cette musique s’exporta rapidement avec le départ vers la France de nombreux musiciens. Là, elle rencontra un certain succès, notamment lors de l’exposition coloniale de 1931 au cours de laquelle l’ensemble d’Alexandre STELLIO opéra en grande formation en présence du président de la République de l’époque, Albert LEBRUN. L’exposition coloniale ferma ses portes le 15 novembre 1931, mais son impact restera longtemps perceptible pour les Antillais.
LE ZOUK
Popularisée par le saxophoniste Haïtien Webert Sicot et jouée entre autres par Simond Jurad, la musique kadans originaire d'Haïti a eu une grande influence sur beaucoup de musiciens guadeloupéens et a contribué à la création de la musique zouk.
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En 1980, Pierre-Édouard Décimus, musicien dans un groupe kadans guadeloupéen (Les Vikings de la Guadeloupe) depuis les années 1960 décide avec Freddy Marshall et d'autres musiciens antillais, d'expérimenter de nouvelles sonorités dans la musique qu'ils ont toujours jouée. Très attaché à la musique populaire de carnaval, Décimus cherche à l'adapter aux techniques musicales modernes. Les deux hommes recrutent aussi Jacob Desvarieux, guitariste de studio confirmé et Georges Décimus (le frère du premier), bassiste, ainsi que d'autres musiciens de cabaret. Le groupe se forme au fur et à mesure. Cette première mouture du groupe rentre en studio et au début de l'année 1979 paraît le premier album de Kassav', intitulé Love and Ka Dance. Et à côté de la kadans, un nouveau genre musical est né qui servira de base au zouk actuel, mais qui ne fera pas long feu : le zouk béton.


KASSAV'
L'orchestre guadeloupéen Kassav' reste le groupe de zouk le plus connu. Kassav' a introduit les influences des danses quadrilles (appelé haute-taille en Martinique) et bal granmoun, des biguines et des mazurkas, ainsi que des influences antillaises plus contemporaines comme les rythmes du Kompa, reggae et de la salsa. Des concerts publics de zouk ont très tôt emprunté aux traditions rock et heavy metal d'Europe et d'Amérique et le genre s'est étendu au monde entier, surtout dans les pays en voie de développement.
LE KOMPA
En 1955, Nemours Jean-Baptiste forme en compagnie de son compère, le saxophoniste, chef d'orchestre et arrangeur Webert Sicot, le Conjunto International. Le 26 juillet de la même année, à Port-au-Prince, en Haïti, l’orchestre donne son premier concert. Quelques semaines plus tard, Webert Sicot quitte cette formation. Le Conjunto International devient L'Ensemble aux callebasses. Au début, les rythmes principaux que jouent Nemours Jean Baptiste et ses musiciens sont fondés sur le genre populaire Grenn Siwèl, encore appelé en Haïti le Twoubadou, ainsi que sur la méringue et le quadrille haïtiens. L’orchestre interprète également des morceaux originaux joués sur des rythmes cubains tels la Guaracha et le son montuno. En 1957, Nemours Jean-Baptiste (avec l'assistance des frères Duroseau, Kreudzer et Richard), invente — graduellement — le compas direct. C'est la naissance d'un genre et d'une culture musicale

La musique urbaine cubaine basée sur le concept de big band des États-Unis et du jazz influence fortement le compas direct. La présence des instruments à vent comme le saxophone, la trompette, le trombone pour ne citer que ces instruments, et la composition même des premiers groupes illustrent le lien entre ces deux styles musicaux. Ce lien de filiation explique la présence du terme banddans les appellations choisies par de nombreux groupes : Magnum Band, System Band et l'organisation des groupes autour d'une sorte de chef d'orchestre, leader du groupe. Avec la contredanse Kwaze le 8 venue du sud d’Haïti, le compas participe à la culture haïtienne. Il connaît, durant les années 1970, un grand succès dans les caraïbes. Nemours Jean-Baptiste a introduit également dans ses formations la guitare électrique, la basse, des percussions telles que le floor tom (en), et à la fin des années 1960 l'orgue ou le piano.
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En 1986, au moment où de grands noms du compas commencent à constater que ce genre musical est en train de s'essouffler, le leader du groupe Top-Vice, Robert-Charlot Raymonvil, introduit un nouveau concept qui devient un phénomène : le « compas digital » ou « compas nouvelle génération ». Ce groupe de trois musiciens, apparu sur la scène Compas de Miami au sein de la communauté haïtienne de cette ville, fait à ses débuts l’effet d’un OVNI musical.
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La présence dans le groupe d'un des piliers du compas haïtien, Henry Celestin, recruté peu de temps après sa création, est déterminante : il introduit un nouveau style de rythme, basé sur une présence répétitive et rythmée de la guitare avec effets (delay, super-chorus), et un groove que les Haïtiens baptisent rapidement le kite'l maché (« laissons tourner »). Une boîte à rythmes se substitue bientôt aux percussionnistes. Un synthétiseur se substitue quant à lui à la section de cuivres traditionnelle. Toute une génération de jeunes musiciens (Sweet Micky, Carimi, Konpa Kreyol, Degré Konpa, Ti-Kabzy, T-Vice, etc.) profitent de cette opportunité pour rafraîchir le compas direct et l’ouvrir à des influences musicales telles que le rap, le hip-hop, le RnB, le reggae et le raggamuffin. Il faut aussi souligner l'impact d'Ansyto Mercier et de son groupe Digital Express au début des années 1990.
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